L’ancien résistant Jean Lafaurie à la rencontre d’élèves du lycée

20/03/2024 | Evènements

L’ancien résistant Jean Lafaurie à la rencontre d’élèves du lycée professionnel Charles Baudelaire et des membres de l’Interclub de Meaux

Jean Lafaurie, ancien résistant âgé de 100 ans, a donné deux conférences à Meaux le mercredi 20 mars 2024.

Une classe de seconde bac pro Métiers de la Sécurité du lycée Baudelaire a participé à l’édition 2024 du Concours National de la Résistance et de la Déportation [CNRD]. Les lycéens devaient élaborer un devoir collectif sur le thème suivant : « Résister à la Déportation en France et en Europe. »

Leur professeur de lettres-histoire et référent culture du lycée, Sébastien Lucarelli, a souhaité, dans cette perspective, faire venir Jean Lafaurie. Ce héros de la République est un ancien résistant. Il est membre du Lions Club de Provins et donne de nombreuses conférences à l’attention des scolaires et des membres de ce club service.

Terence Morel, Président du Lions Club de Meaux, Jean-Mary Guerraud, ancien Gouverneur du District Ile-de-France Est, et Christian Lizan, Président de l’Interclub de Meaux, sont entrés en contact avec Jean Lafaurie. Le rendez-vous est fixé au mercredi 20 mars. Il aura deux temps forts : au collège Sainte-Marie puis dans l’amphithéâtre du Musée de la Grande Guerre de Meaux.

Les élèves du lycée Baudelaire prennent place dans la salle mise à leur disposition au collège Sainte-Marie. Des professeurs du lycée Bossuet sont également présents et filment la conférence. Trois élèves en situation de handicap du centre Le Brasset accompagnent leurs pairs du lycée. Jean Lafaurie prend la parole.  Cet homme, d’une grande modestie, évoque ses débuts dans la résistance. Il avait recopié avec un camarade l’appel du 18 juin lancé par le général de Gaulle. Les deux amis glissaient la copie de cet appel sous les portes de nombreux habitants. Jean Lafaurie est dénoncé à plusieurs reprises à la suite de lettres anonymes adressées à la gendarmerie. Il est relâché les deux premières fois faute de preuves. Grâce à l’alerte bienveillante d’un policier, il apprend qu’il est sur le point d’être arrêté. Il quitte son travail prestement et rentre dans la clandestinité. Il intègre, dès l’âge de 19 ans, la résistance. Les membres de son groupe de résistants sont arrêtés le 15 juillet 1943. Jean Lafaurie et ses trois camarades portaient des armes dont la vérité oblige à dire qu’elles n’étaient pas en état de fonctionnement. Ces armes leur permettaient de mettre en joue les personnes détentrices de tickets de rationnement dans les mairies.  Jean Lafaurie est incarcéré à la prison de Tulles en Corrèze. Il est condamné à cinq ans de prison. Il est transféré à la prison centrale d’Eysses à Villeneuve-sur-Lot. La solidarité est la clé de voûte de son engagement. Ses camarades d’infortune font aboutir leurs revendications face à un directeur qui semble faire preuve de mansuétude. Un certain respect semble se nouer entre lui et les résistants à tel point que ces derniers lui demandent de bien vouloir leur ouvrir les portes et de fuir avec lui. Il refuse, semble-t-il, la mort dans l’âme. Une tentative d’évasion échoue. Jean Lafaurie va être transféré au camp de Royallieu à Compiègne où son arrivée et celle de ses camarades ne passent pas inaperçues. Après de nombreuses pérégrinations, ils sont déportés vers le camp de concentration de Dachau en Allemagne. La solidarité régnait puisque les personnes les plus fragiles étaient installées près des portes afin qu’elles puissent bénéficier d’un peu d’air. A Dachau, cette solidarité était également de mise. Chaque déporté « mettait de côté un angle de son pain » afin d’en donner à ceux qui se trouvaient mal ou étaient sur le point de se laisser mourir. Certains élèves ont les yeux embués de larmes. Jean Lafaurie précise aux élèves qu’à « Dachau, la mortalité était de 55% contre 35 % dans (leur) bataillon ».

Jean et ses camarades font également preuve d’audace. Durant le noël 1944, ils ont obtenu des autorités du camp de pouvoir déclamer des chants folkloriques régionaux. Quelle magnifique preuve de résistance dans un endroit qui était comme une allégorie de la négation des droits humains les plus élémentaires.

Quand le camp a été libéré, Jean Lafaurie ne pesait que 36 kilos, il ne pensait pas finir centenaire. Jean Lafaurie délivrera la même conférence le soir dans l’auditorium du Musée de la Grande Guerre face à 80 membres de l’Interclub de Meaux. Pourquoi n’a-t-il commencé à témoigner qu’une fois parvenu à l’âge de la retraite demande un membre du Lions Club de Meaux ? Les gens ne voulaient pas en entendre parler après la guerre y compris sa propre mère qui l’accusait « de raconter n’importe quoi » !

Son témoignage symbolise le don de soi et la défense indéfectible de la France et de ses valeurs.

Article rédigé par Sébastien LUCARELLI, professeur de lettres-histoire et référent culture du lycée professionnel Charles BAUDELAIRE

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